Les petits plaisires secrets

Observer, scruter les gens dans le métro.
Voilà mon petit plaisir secret.
Les regarder jusque dans le détail.
Leur corpulence, leur apparence, leur cheveux, leurs mimiques, leurs accessoires, la matière de leur vêtement, la forme de leur yeux, leur nez, leur bouche, leurs oreilles, leurs mains, et même leurs ongles.
Leurs attitudes, leurs tics.
Il y a ceux qui se titille doucement l'oreille, ceux qui bouge frénétiquement le pied, ceux qui enroulent une mèche de leurs cheveux autour de leur doigt, ceux qui jouent avec leurs écouteurs, ceux qui se mangent l'intérieur des joues.
J'ai un faible pour ceux qui se placent devant la porte de la rame et qui, à chaque station ouvrent la porte pour les autres. On sent qu'ils se régalent à faire ça, et qu'au fond ça les soulagent un peu de se sentir utile auprès des autres, ils en ont besoin.
Les heures de pointes sont de grands moments pour moi.
On y voit souvent le matin, l'homme d'affaire en pseudo costard, trench beige, crane dégarni, lunette mi-rondes mi-carrés, sacoche dans la main gauche, journal dans la main droite. Il lit donc ce fameux journal, et c'est alors qu'on voit apparaitre au dessus de son épaule, la tête de quelqu'un. C'est en fait, l'homme à la veste en cuir tannée marron, les cheveux en bataille, qui c'est levé en retards, n'a pas eu le temps de se raser, c'est habillé en vitesse, et a oublié de prendre le journal à l'entrée de la bouche de métro. Alors il lit sur celui de l'homme d'affaire. Et on voit le dépit se dessiner sur son visage lorsque l'homme d'affaire tourne la page nerveusement, alors que celui ci n'avait pas finit de lire l'article.

Est ce que ce petit plaisir relève du problème psychologique? du fétichisme? Je ne pense pas. A mon sens, chacun a ses petits plaisirs secrets.